En 2003, dans la revue Nature, une équipe japonaise annonce avoir découvert de la supraconductivité dans un oxyde contenant des plans triangulaires de cobalt mais seulement lorsqu'on y insère de l'eau !
C'est déjà dans cet oxyde qu'on avait observé quelques années auparavant d'étonnants pouvoirs thermoélectriques : ce matériau convertit la chaleur en électricité mieux qu'aucun autre. Un nouveau sujet de recherche est né... Ces matériaux ne sont pas supraconducteurs. Cependant, si on y insère des molécules d'eau entre les plans sodium et cobalt, alors ils deviennent supraconducteurs en dessous de 4 kelvins, c'est-à-dire - 269°C. Certes, c'est froid et peu prometteur pour d'éventuelles applications. Mais pour les habitués de la supraconductivité, c'est très curieux : pourquoi des molécules d'eau, à priori totalement inertes du point de vue électrique, permettent-elles la supraconductivité ? Et quel mécanisme permet ici aux électrons de s'attirer et de former des paires de Cooper ? A-t-on à faire à une supraconductivité classique comme dans l'aluminium ou le niobium, ou au contraire à un mécanisme exotique comme les supraconducteurs à haute TC ?
Les physiciens et les chimistes aiment bien montrer ce que deviennent ces oxydes de cobalt en fonction de leur dopage (le nombre d’atomes de sodium) sur ce qu’ils appellent un « diagramme de phase ». À basse température, le même composé y apparaît isolant et magnétiquement ordonné pour certaines compositions très particulières, ou bien supraconducteur à d’autres.