Né en 1900 à Breslau (aujourd’hui Wroclaw en Pologne), Fritz London fit des études de philosophie avant de se tourner vers la science. Après une thèse de doctorat obtenue à Munich en 1921, il comprit ce qui lie deux atomes d’hydrogène H dans une molécule H2. Ce travail, réalisé avec Walter Heitler à Zürich, marqua le début de la compréhension des liaisons chimiques. Il rejoignit ensuite Erwin Schrödinger à Berlin mais fut chassé de cette ville en 1933 par la montée de l’antisémitisme dans l’Allemagne nazie. Après un passage à Oxford où il travailla sur la supraconductivité avec son frère Heinz, il trouva refuge à l’Institut Henri Poincaré (Paris) en 1936 grâce à un groupe d’intellectuels liés au Front Populaire (Jacques Hadamard, Paul Langevin, Jean Perrin, Frédéric Joliot et Edmond Bauer).
C’est là, début 1938, qu’il proposa de comprendre la superfluidité de l’hélium liquide comme une manifestation de la condensation de Bose-Einstein, un phénomène purement quantique qui devenait ainsi visible à l’échelle macroscopique. Ce travail faisait suite à plusieurs articles sur la supraconductivité qu’on allait comprendre comme une superfluidité de particules chargées (des paires d’électrons dans le cas des métaux supraconducteurs).
Au début de la deuxième guerre mondiale (septembre 1939) il quitta la France pour l’Université Duke (États-Unis) où Paul Gross lui avait offert un poste de professeur au Département de Chimie et où il se sentait plus tranquille avec sa femme, la peintre Edith London. Einstein proposa d’attribuer le prix Nobel à Fritz London mais London mourut prématurément en 1954.
Les « équations de London » montrent qu’un champ magnétique ne pénètre qu’à la surface d’un matériau supraconducteur parce que l’absence de collisions entre électrons permet un transport d’électricité sans pertes. La « longueur de London » caractérise la distance maximale de pénétration d’un champ magnétique dans un supraconducteur.
Pour John Bardeen, un des auteurs de la théorie BCS de la supraconductivité, c’est Fritz London qui fit faire à la physique quantique le grand saut de l’échelle microscopique des atomes et molécules jusqu’au monde macroscopique de la matière à l’échelle humaine.
Depuis la mort de London, le « Fritz London memorial prize » récompense des travaux remarquables en physique de la matière à basse température. John Bardeen fit don d’une partie de son second prix Nobel pour aider au financement du London prize.